L’année 2007 a été annoncée par nombre d’analystes comme le début de l’ère de l’Internet mobile. L’année 2008 a été marquée par des évolutions et des annonces majeures dans ce secteur, parmi lesquelles on peut citer :
- la généralisation des forfaits data illimités chez les opérateurs mobiles
- l’acquisition de Neuf Cegetel par SFR
- la sortie de l’iPhone 3G
- la commercialisation du premier smartphone sous Android
- la prise de contrôle de Symbian par Nokia
Force est de constater que ces “frémissements” sont annonciateurs de grands changements.
Afin de mieux comprendre les enjeux posés par l’Internet mobile, il convient de bien mesurer les données fondamentales du problème :
- identifier les acteurs du secteur
- analyser leurs interactions
- comprendre les spécificités induites par la mobilité
Les acteurs du “Grand Jeu”
Traditionnellement, la scène est tenue par un trio d’acteurs ayant chacun une vision, des intérêts et des stratégies spécifiques.
- Les constructeurs, en compétition féroce et permanente sur un marché hautement concurrentiel, font du terminal mobile un bien de consommation de masse. Dans un marché proche de la saturation, seule l’innovation technologique permet de maintenir un avantage concurrentiel.
Apple, avec l’iPhone, est à ce titre tout à fait exemplaire. C’est aussi l’innovation permanente qui garantit un cycle de renouvellement court, entretenant les conditions du mouvement dans un marché mature. - Les opérateurs sont confrontés à d’autres défis. Leur différentiation par une meilleure qualité de service, comme la couverture en zone rurale par exemple, reste significative mais leur orientation stratégique sur un marché mature consiste à augmenter le revenu moyen généré par abonné. Le téléchargement de sonneries en a été le service emblématique, suivi par les services de téléchargement de jeux ou de contenu musical.
On le sent, la voix ou le SMS ne constituent plus aujourd’hui les services de base exclusifs des opérateurs mobile et la tendance est à la multiplication des services à valeur ajoutée susceptibles d’augmenter le revenu moyen par abonné. La généralisation des forfaits d’accès à l’Internet mobile en est le corollaire indispensable. - Les utilisateurs/consommateurs sont des acteurs clés du marché. Ce sont eux qui ont fait du SMS, service initialement considéré comme marginal par les opérateurs, un service apprécié et par ailleurs très lucratif.
Les nouveaux usages suscités par l’emblématique (et usité) Web 2.0, trouveraient un prolongement logique dans l’Internet mobile, tant le besoin de services connectés et personnalisables est une tendance lourde des industries numériques.
La singularité de l’Internet mobile
La combinaison de quatre caractéristiques du terminal standard - téléphonie, mobilité, ultra-connectivité (GPRS/3G+,Wifi,Bluetooth) et géo-localisation (GPS/A-GPS) - font de l’Internet mobile un espace tout à fait singulier.
En outre, le téléphone mobile n’est pas l’ordinateur de bureau, fut-il portable. Il s’agit d’un objet personnel accompagnant au sens propre la vie de son propriétaire, lequel a su tisser une relation privilégiée comme en atteste la très instructive livraison du sondage TNS Sofres de décembre 2008, en particulier dans le public féminin : 75 % des utilisatrices considèrent leur téléphone mobile comme un objet rassurant.
On comprend pourquoi le secteur suscite un tel engouement, en particulier auprès des régies publicitaires et des agences média : le téléphone mobile est le support rêvé des annonceurs. Toutefois, la bannière publicitaire, format dominant sur le web, n’est pas transposable en l’état dans le monde mobile. Le téléphone portable étant par nature un objet personnel, la publicité doit être non intrusive ou consentie. Les applications mobiles, beaucoup plus que la navigation sur le web, sont des vecteurs privilégiés du marketing mobile.
Le téléphone mobile n’est pas l’ordinateur
Dans la jungle des constructeurs, Nokia, Apple, Palm et RIM ont une position particulière en tant qu’éditeur du système d’exploitation de leurs propres terminaux.
Constructeur | OS |
---|---|
Nokia | Symbian OS |
Apple | iOS |
RIM | BlackBerry OS |
Palm | Palm OS |
D’autres constructeurs comme HTC, Samsung, Motorola ou Sony Ericsson, nouent des partenariats avec des acteurs biens établis (Microsoft, Symbian, Palm) ou de nouveaux entrants (Google).
Constructeur | OS |
---|---|
HTC | Windows Mobile / Android |
Samsung | Symbian OS / Windows Mobile / Android |
Motorola | Symbian OS |
Sony Ericsson | Symbian OS / Android (2009) |
Nokia, qui a repris le contrôle intégral de sa filiale Symbian, a compris la position stratégique du système d’exploitation dans le dispositif mobile.
Google, promoteur majeur du navigateur web comme plateforme d’exécution des clients riches (comme nous l’évoquions dans un récent article), démontre avec le lancement du projet Android, que le modèle n’est pas transposable dans l’univers mobile.
Apple, dont le succès de l’iPhone vient confirmer avec force la pertinence d’une stratégie d’intégration hardware/software, cherche à imposer AppStore comme plateforme de distribution d’applications pour l’iPhone, à l’image d’une combinaison réussie iPod/iTunes.
Contrairement à l’Internet “fixe” où le navigateur règne quasiment sans partage, les applications mobiles pourraient constituer le canal privilégié d’accès à l’Internet en situation de mobilité.
Même si l’usage de l’Internet mobile ne touche aujourd’hui que 22% des détenteurs d’un téléphone portable, nous pensons que sous l’impulsion combinée des forfaits d’accès à l’internet mobile et des terminaux mobiles innovants notamment en matière d’ergonomie et de connectivité, toutes les conditions paraissent réunies pour que 2009 soit l’année d’un décollage opérationnel de l’Internet mobile.
Nous présenterons dans un prochain article la plateforme J2ME qui fait autorité dans le monde du développement d’application mobile puisqu’elle est supportée par de nombreux constructeurs dont Nokia, Sony Ericsson, Motorola ou encore Samsung.